Formation: Lumière - la maîtrise de l'éclairage au studio pour le portrait (3/3)
- julien Bonneton
- 18 juil. 2024
- 7 min de lecture
Pour le dernier jour de formation, Ludovic nous à concocté une journée un peu particulière. Au programme du jour, et parce que c'est l'une de ses spécialités: photographie de nus artistiques. Pour se prêter à l'exercice, Amandine, qui parmi ses nombreuses casquettes est modèle professionnelle. L'idée de la journée, c'est de mettre en lumière (avec tout ce que l'on à appris et ce que Ludovic va nous montrer) un corps. Pour l'échauffement Ludovic nous à préparé un exercice: faire des photos de lingerie de type Aubade. C'est à dire des images en noir et blanc très contrastées avec un cadre plutôt serré sur la lingerie.

Lors de ce premier exercice nous avons sous les yeux des modèles de photos Aubade, ce qui nous permet d'avoir une base sur laquelle travailler. On essaie de trouver la bonne lumière, puis de faire poser Amandine. On se rend compte très rapidement que ce n'est pas aussi simple qu'il n'y parait: le moindre mouvement et les ombres changent. Pour avoir le résultat voulu il faut demander a Amandine de se contorsionner dans des positions assez peu naturelles et à force de tâtonner on finit par trouver le bon angle, la bonne position du corps et les résultats sont plutôt encourageant.

Comme nous n'avons que peu de temps (chaque passage est chronométré pour que tout le monde puisse passer sans trop épuiser notre modèle), Amandine doit changer de lingerie en un temps record afin de ne pas perdre de temps. Je commence à penser que la journée va être pour elle une véritable épreuve sportive. Le modèle en tenue, je continue à essayer de coller au plus proche de l’exercice, prend un nouvel exemple de photo Aubade, réajuste la lumière, amandine pose, et quelques déclenchement plus tard, une nouvelle photo est terminée. Nouveau changement de tenue, plus rapide que le précédent cette fois ci.

Je ne vais pas vous mentir, c'est la première fois que je photographie un modèle professionnel nu. Et c'est assez impressionnant. En même temps, comprenez que c'est assez peu banal et intimidant de se retrouver face à une inconnue nue et de la photographier. Je pense même que j'avais une certaine appréhension à l'approche de cette journée. Mais le fait de devoir faire ces photos type Aubade avant de passer au nu à proprement parler est une bonne chose. Cela permet de faire un peu plus connaissance avec Amandine, de briser cette petite gêne, et d'appréhender le nu de manière progressive. Et après un petit débrief ou l'on se montre nos photos respectives et ou on échange autour de l’expérience, nous repartons en quête d'images.

Bien sur avant de commencer la journée, chacun est parti chercher des inspirations, pour se donner des idées de poses. Pour ma part j'ai toujours aimé l’esthétique des statues gréco-romaines antique. J’essaie donc de reproduire ce que j'ai pu voir dans les musées, et je dois dire qu'avec une jolie lumière, une belle pose, et l'ajout du noir et blanc, j'arrive assez vite à un résultat satisfaisant. Je tente donc d'autres poses, pour le moment avec comme unique accessoire un tabouret.

L'exercice est très intéressant et permet de vraiment jouer avec la lumière. En faisant légèrement pivoter le modèle on augmente ou on réduit les zones d'ombre et de lumière, ce qui permet de faire des photos aux rendus très différents. Je m'amuse à cacher certaines zones pour qu'on ne puisse que les apercevoir légèrement, c'est presque un travail de sculpture que l'on fait avec le modèle.

Une dernière pose sculpturale avec le tabouret comme accessoire, celle ci je la veux presque héroïque, comme une déesse grecque qui viendrait de vaincre sur un champs de bataille. La pose n'est pas facile à tenir, et Amandine se contorsionne, perds parfois l’équilibre. Une fois que je trouve le bon angle, je demande à Amandine un dernier effort (pour cette pose), elle tend son corps au maximum, garde la pose une seconde, et c'est dans la boite.

Une dernière photo avec un tabouret un peu plus bas, et a peine le cliché dans la boite que mon temps est terminé. L'occasion pour Amandine de respirer un peu, faire une courte pose avant de poser pour un autre photographe. C'est aussi l'occasion pour moi de montrer mes photos à mes comparses pour avoir leurs retours, mais aussi de voir ce qu'ils ont fait comme photos. Pendant que je ne shoot pas, et comme chaque photographe shoot seul avec le modèle, je retouche les photos prises quelques jours plus tôt avec Alice, je trie les photos faites avec Amandine, et je recherche de nouvelles idées de pose pour mon prochain passage.

Je commence par quelques photos sans aucune accessoires, pour un rendu plus doux, plus intimiste. C'est assez difficile, car il n'y à pas d'objet avec lequel le modèle peut interagir; il faut donc se concentrer sur le moindre détail, l'angle des bras, des mains, des jambes, des pieds, tout en cherchant le bon angle et la bonne lumière. C'est un exercice photographique assez intense mais avec lequel je m'amuse beaucoup.

C'est vraiment intéressant de faire poser un modèle professionnel, car elle sait instinctivement comment poser. Je lui montre grossièrement la pose, elle la reproduit, mais dans une version améliorée. Elle sait d'emblée comment mettre ses mains, s'il faut cambrer ou non, si le pieds doit être tendu ou non, etc. Elle propose même quelques poses et quelques idées. C'est un gain de temps extraordinaire. Je n'ai plus qu'a régler certain micro détails, appuyer sur le déclencheur et c'est dans la boite.

Je vois du coin de l’œil une paire de chaussures à talon qu'Amandine à apporté avec elle, et décide de faire une photo plutôt simple et efficace. Deux trois ajustement et c'est dans la boite. On repart alors sur une dernière photo pendant cette avant dernière session. Je demande alors à Ludovic s'il n'aurait pas un appareil photo à me prêter pour réaliser une photo que j'ai en tête, et comble de la chance, il en a un qui en plus est un modèle ancien, ce qui rajoute un certain cachet à la photo. La photo est simple, efficace faite assez rapidement et à pour mérite (pour une fois) d'économiser l’énergie d'Amandine avec une pose moins physique.

De nouveau, changement d'éclairage, mais cette fois ci la séance aura lieu autour du canapé qui trône dans le studio. Le canapé nous offre une foule de possibilité de poses différentes, alors on profite de la pause pour chercher des idées, se faire une liste du genre d'image qu'on aimerait faire, et c'est reparti pour un dernier tour. Les photographes s'enchainent et bientôt ce sera à mon tour de mettre mes idées en image.

Le fait de shooter sur le canapé ouvre des possibilités en terme de pose, mais limite les possibilités d'angles de prise de vue. C'est pourquoi la première pose que je propose est simple. J'installe Amandine, je tourne, je cherche un angle, et au final j'opte pour une sorte de symétrie, une photo très frontale, face au modèle. J'aime cet angle, et je décide alors de jouer dans ce cadre la.

J'aime la géométrie et le coté intimiste qu'offre le canapé, ainsi que la texture du mur en fond. Je propose alors à Amandine une pose assez géométrique, et après quelques essais nous trouvons une pose que j'apprécie. Une fois la photo faite, je me risque à proposer une pose plus frontale, plus dévoilante. Je dis que je m'y risque car pour le moment je trouve que les photos qui cachent plus qu'elles ne montrent ont un charme plus sensuel, et je n'ai pas envie de tomber dans la vulgarité, ou la nudité gratuite. Mais qui ne tente rien n'a rien, et je trouve le résultat plutôt intéressant.

Mais le temps file à une vitesse folle lorsque l'on est concentré sur sa tâche, et il ne me reste plus qu'une pose rapide à proposer. Je propose alors la même pose que nous avons fait quelques minutes plus tôt mais avec une petite variation. Cette fois ci la tête sera penché vers le bas et non vers le haut. Et ça change tout. La ou sur la première photo on avait une impression de force, d’exultation, de confiance, sur la deuxième version apparait un sentiment de fragilité, de vulnérabilité, de mélancolie. J'avoue que j'aime beaucoup le résultat, je pense même que de toutes les photos prises pendant cette journée c'est probablement le cliché que je préfère.

Le temps de se montrer une dernière fois nos réalisations, de ranger le matériel, et de débriefer la journée avec Ludovic et Amandine ( qui peut enfin se reposer un peu, même si elle à un défilé à l'autre bout de l'ile le soir même), et la semaine s'achève déjà. Une semaine pleine de nouvelles expériences, de nouvelles rencontres ou nous repartons tous avec l'envie de pratiquer les techniques nouvellement acquises. Une semaine avec de supers photographes, avec une chouette énergie, et ou chacun avec son propre univers et sa sensibilité aura su faire de jolis clichés. Une semaine de franche rigolade, qui sera passé à une vitesse ahurissante. Une semaine avec des modèles incroyable qui auront su nous faire profiter de leur énergie et de leur temps malgré le rythme intense des journées qu'elles ont passé. Et bien sur une semaine incroyable en compagnie de Ludovic, qui aura su nous partager une partie de son expérience, de ses techniques et nous laissant accès à son matériel et à son superbe studio, le tout avec son regard toujours bienveillant et amical. Une semaine de formation intense, parfois fatigante (avec la route surtout) mais de laquelle on sort grandi, autant dans la domaine de la photographie que personnellement. Une semaine ou l'on voudrait que chaque jour dure quelques heures de plus tant les journées passent vite. C'est la deuxième formation que je fais avec l'Atelier de Charles, grâce à Ludovic, et j’espère que ce ne sera pas la dernière !
C'est vraiment très intéressant, les poses que tu as proposé , le contraste avec l'ombre et la lumière, c'est magnifique, on ressent ta passion et ton envie de toujours grandir et apprendre dans ce domaine, j'ai hâte de voir la suite 😊